Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Courte notice biographique d'Aristide Lapeyre

ARISTIDE LAPEYRE est né avec le siècle, dans un petit village de Gascogne, d’une famille pauvre ; en un temps où pauvreté signifiait réellement misère. Malgré sa vive intelligence et ses succès scolaires, à 12 ans, il dut quitter l’école, pour gagner sa vie. Un ami de la famille l’emmena à Bordeaux, pour lui servir d’apprenti coiffeur.

L’ami de la famille ne s’était pas vanté au village d’être socialiste ; et socialiste libertaire encore, la séparation entre les deux écoles, issue du congrès international de Londres (1893), étant encore fragile à la base. L’apprenti sauta vite par dessus le premier terme et à 15 ans il était anarchiste. Consciemment et en toute connaissance de cause, car, dévoré d’une soif de savoir qu’il garda jusqu’à sa mort, il passait ses soirées dans les clubs éducatifs, ses congés à la faculté... avec une fausse carte d’étudiant. Il acquit ainsi une solide culture. Autodidacte, dit-on, avec le brin de condescendance dont on accompagne ce mot. Je sais pourtant des universitaires de haute volée qui ne se vanteront jamais de l’avoir rencontré.


Mobilisé à 18 ans, l’armistice de 1918 le sauva de justesse du départ sur le front, mais de 15 jours de salle de police en "30 dont 15" pour distribution de tracts ou de journaux anarchistes à la caserne, excitation à la désobéissance, fausses permissions pour se rendre à Paris et prendre la parole dans des réunions anarchistes, vol de l’auto du colonel pour amener des amis à Paris dans une manifestation pacifiste, en trois ans il aligna le doux total de 560 jours de punition. L’armée lui fit grâce des 280 jours de rabiot que cela supposait, ne voulant pas que cette brebis galeuse soit mise au contact des jeunes classes.


A Paris on l’avait reconnu comme orateur. Ses dons se confirmèrent très vite par la pratique. Les jeunes ont peine à imaginer l’importance qu’avaient alors les conférences publiques. C’était l’action et l’éducation à la portée de tous. Quelques affiches sur les murs, un ou deux appels – quelquefois – dans le journal local, c’était assez pour attirer des centaines de personnes. Organiser cela, pour un petit groupe, c’était déjà de l’action.


Il y avait chaque fois des brochures, des journaux, quelques livres vendus,... de nouvelles connaissances,... des sympathisants qui se manifestaient,... c’était l’espoir.


La télévision a tué cela.


Mais pour que ces personnes se déplacent une ou deux fois l’an pour le même orateur, il fallait à celui-ci, outre des dons d’éloquence certains, une somme de travail considérable pour trouver chaque fois de nouveaux sujets.


50 ans le public suivit fidèlement Aristide.


La justice tint à lui enseigner ses limites : 3 mois de prison en 1923 pour "excitation au meurtre et à l’incendie". N’avait-il pas dit : "Pour s’établir, la république a eu besoin de trois révolutions. Je pense qu’une quatrième est aujourd’hui nécessaire. Et si des têtes doivent tomber, si des maisons doivent brûler, républicains, c’est comme ça que vous avez fait 1789".


Le premier avril 1935, à grands renforts de gros titres en première page, la grande presse en fit l’ennemi public n°1 pour "l’affaire de stérilisation de Bordeaux". 5 jours... et puis on n’en parla plus... la justice s’était trop pressée : Aristide était innocent. Et innocente comme lui Andrée PREVOTEL, mais 3 mois de prison préventive l’un, 10 jours l’autre, et un an de tracasseries administratives en attendant le non-lieu.


La guerre,... l’occupation,... un officier allemand tué dans les rues de Bordeaux... Les Allemands annoncent qu’ils fusilleront 100 otages... La police (française) arrête 50 personnalités de gauche... Aristide est de ceux-là... Les 50 autres sont des communistes choisis dans un camp de concentration... Le soir les deux groupes sont face à face... Le lendemain les 50 communistes sont fusillés,... la nuit suivante les Allemands font grâce aux autres... OUF !


Aristide restera, otage, dans le camp. En 43 (enfin ! – les autorités admettront que les anarchistes ne sont pas des communistes et que leurs sympathies pour la Russie sont pour le moins mitigées.


La vérité de 43 n’était plus celle de 41 !


Dès le début, pour des camarades juifs, il a organisé – en Dordogne et dans le Lot-et-Garonne – deux chaînes de passage de la ligne de démarcation. Il reprend cette activité. Et comme les poursuites s’amplifient et qu’en ces temps troublés "les amis de nos amis deviennent nos amis", il en fait profiter bien des malheureux : des Juifs, des réfractaires, un juge (!) et jusqu’à un officier aviateur américain (!!!).


Toute sa vie Aristide fut partisan d’une organisation, mais il la voulait assez large pour comprendre toutes les écoles de l’anarchie, le groupement d’une tendance s’avérant plus nuisible qu’utile et toujours soumis à une prompte disparition.


Il aida Sébastien FAURE dans sa tentative d’une "synthèse anarchiste" et participa de toutes ses forces ç la constitution de trois fédérations anarchistes. Deux ont avorté par un excès de personnalisme de certains ; la troisième est solide, plantée en bonne terre.


Anarchiste, pacifiste, libre-penseur – et orateur national de la Libre Pensée – il est aussi un fervent néo-malthusien. La pilule n’existait pas encore ; le pessaire ignoré et fort rare ; l’avortement était sévèrement interdit. On faisait l’amour dans la crainte.


Poussé par une petite phalange de gynécologues libertaires, enseigné par un médecin remarquable, hélas dispâru, Aristide passa de la théorie à la pratique. Un malheureux hasard le livra à la justice, deux ans avant la loi qui l’aurait déchargé de ce soin.


Choqué, mais non découragé, usé par une vie harassante, il meurt en 1974.

 

 Paul LAPEYRE

Ecrit par libertad, à 11:43 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  punknotdead
22-11-03
à 15:19

voila ici la preuve que pour être intelligent, il ne faut pas seulement être une bolle a l'école.
Répondre à ce commentaire



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom